Avec son éternelle allure de gamin frêle, même à 55 ans, Beck semble toujours prendre un malin plaisir à monter sur scène. Mercredi soir, il a offert une performance énergique et incarnée en compagnie de l’Orchestre Métropolitain (OM), sous la direction du chef Edwin Outwater. En revisitant son répertoire éclectique en mode orchestral, l’artiste emblématique de la génération X a donné une amplitude inégalée à ses compositions, les plus festives comme les plus introspectives.
Dans le cadre de cette tournée, Beck revisite ses chansons en compagnie de différents orchestres locaux. Après s’être produit mardi soir à New Haven, au Connecticut, avec le Westville Philharmonic et mercredi à Montréal avec l'OM, il montera sur scène vendredi et samedi dans la Ville Reine avec l’Orchestre symphonique de Toronto.
Quelques minutes après son arrivée sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, le rockeur américain a abordé le fait qu’il n’avait pas donné de spectacle à Montréal depuis son passage à la Place Bell en 2018. «Je me suis ennuyé de vous. J’ai amené des amis», a-t-il dit, pointant la cinquantaine de musiciens qui l’accompagnaient sur scène.
Tout au long de cette performance de près de deux heures, Beck a chanté avec une voix puissante et chaleureuse, alternant entre sa guitare acoustique et sa guitare électrique, communiant tout du long avec l’orchestre derrière lui. Sur ses chansons plus survoltées, comme New Pollution et Where It’s At, il a lâché son fou en exécutant quelques pas de danse, ses longs cheveux bouclés dans le vent. Les adaptations symphoniques de ces titres, fort différentes des originaux, ont été parmi les meilleures de la soirée.
Mais l’artiste a surtout misé sur des valeurs sûres en jouant plusieurs chansons intimistes de ses albums Sea Change (2002) et Morning Phase (2014), dont les arrangements de cordes initiaux se prêtaient tout naturellement à une orchestration de plus grande ampleur. Les interprétations de Blue Moon, The Golden Age et Waking Light, ont été parmi les plus émouvantes de la soirée.
Beck a souligné qu’il s’agissait de sa première visite à Montréal en temps de canicule. «Holy shit!» a-t-il émis en guise de commentaire sur la météo étouffante des derniers jours, avant d’enchaîner avec la bien nommée Tropicalia.
Il a aussi profité de sa présence en territoire francophone pour rendre hommage à la mémoire de Françoise Hardy, à qui il a dédié We Live Again, chanson de 1998 qui lui a été inspirée par l’œuvre de cette icône française qu’il admirait.
En plus de puiser dans ses albums en solo, le musicien a offert quelques extraits de trames sonores de films auxquelles il a collaboré, dont la bouleversante Everybody’s Got to Learn Sometime, une reprise de The Korgis tirée du tout aussi magnifique Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Le lent crescendo maintenu tout au long de la pièce nous a donné des frissons.
Il a aussi interprété une reprise de Tarantula, de Colourbox, initialement enregistrée pour la trame sonore du sublime film Roma, bien que la chanson n’a pas été retenue au montage final, a-t-il raconté sans rancune. Bien qu’il ne l’avait pratiqué qu’une seule fois selon ses dires, Beck a livré une efficace version de Ramona, chanson tirée du sympathique Scott Pilgrim vs. the World.
Parce que cette tournée symphonique lui a été inspirée, entre autres, par l’œuvre de l’auteur-compositeur-interprète Scott Walker, Beck s’est gâté en offrant deux reprises en mode crooner symphonique de ses chansons It’s Raining Today et Montague Terrace (in Blue). Après tout, comme il a blagué, «tant qu’à payer des bassons, je peux bien me faire plaisir avec un cover».
Généreux, Beck a pris la parole presque entre chacune de ses chansons. Il a mentionné qu’il s’agit d’un «rare privilège» pour lui de se produire avec un orchestre symphonique, saluant au passage le talent des musiciens de l’OM. «Vous avez un très bon orchestre!» a-t-il lancé, alors que la foule lui servait la première de plusieurs ovations après seulement la troisième chanson du spectacle.
Le public s’est levé à quelques reprises pour danser devant son siège et taper dans les mains, notamment durant le succès souvenir Where It’s At, qui enjoint justement de «just clap your hands». Ce fut la dernière chanson en compagnie de l’orchestre avant le rappel.
Le musicien est ensuite réapparu seul sur la grande scène, sous les applaudissements nourris de la foule. D’humeur taquine, il s’est promené entre les instruments, tintant ici un triangle, cognant là une cymbale. «Qu’est-ce que je devrais faire?» a-t-il réfléchi à voix haute. Il n’a visiblement pas entendu l’appel d’un spectateur à l’arrière de la salle réclamant qu’il siffle, en clin d’œil à l’étonnante première partie de la soirée, assurée par la siffleuse (oui, oui!) Molly Lewis.
Beck a plutôt sorti un harmonica pour une interprétation en solo de One Foot in the Grave. Deux de ses musiciens de tournée l’ont ensuite rejoint pour clore le spectacle en force avec trois classiques intemporels de son répertoire : Devils Haircut, Mixed Bizness et, bien sûr, l’hymne Loser, chanté en chœur par un public conquis.

















Comment 50 Cent a-t-il obtenu les vidéos de Diddy pour son documentaire?
Ceci est la traduction adaptée d’un article de Cheyenne Roundtree, originalement publié par Rolling Stone le 11 décembre 2025. Nous republions l'article originalement intitulé How Did 50 Cent Get That Sean Combs Footage? Diddy’s Videographer Explains avec la permission de son autrice. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.
Le documentariste engagé pour filmer Sean «Diddy» Combs au cours des deux dernières années a éclairci la façon dont Netflix a obtenu des images tournées en coulisses dans les jours précédant son arrestation.
Michael Oberlies a démenti les rumeurs en ligne voulant qu’il y ait eu un «conflit d’honoraires ou un problème contractuel», affirmant plutôt que 50 Cent et le réalisateur de Sean Combs: The Reckoning se seraient retrouvés avec les images parce qu’il avait engagé un pigiste pour le remplacer brièvement.
«Depuis plus de deux ans, nous travaillons sur un projet dressant le profil de Sean‘Diddy’Combs», déclare Oberlies dans un communiqué transmis à Rolling Stone. «Les images en question n’ont pas été diffusées par moi ni par quiconque autorisé à gérer le matériel de Sean Combs; elles l’ont été par un tiers qui m’a remplacé pendant trois jours alors que j’étais à l’extérieur de l’État. Cet incident n’a rien à voir avec un conflit d’honoraires ou un problème contractuel. Les actions des parties impliquées reflètent un manque d’intégrité que tout conteur devrait éviter. Utiliser des images destinées à notre projet pour faire avancer un récit qui n’est pas le nôtre est à la fois contraire à l’éthique et inacceptable.»
La façon dont Netflix a obtenu ces images stupéfiantes pour la série documentaire en quatre épisodes est devenue un thème central entourant le projet. La réalisatrice Alexandria Stapleton et Netflix ont affirmé dans des déclarations antérieures que les images avaient été «obtenues légalement».
Les caméras montrent Combs dans sa chambre d’hôtel du Park Hyatt à New York le 10 septembre 2024, soit seulement six jours avant son arrestation. (L’homme de 56 ans a été acquitté des accusations les plus graves en juillet, mais a été condamné à 50 mois de prison après avoir été reconnu coupable de deux chefs liés au transport en vue de solliciter des actes de prostitution.)
Bien que relativement brèves, les images offrent un accès sans précédent au sanctuaire intérieur de Combs. En filmant son propre projet documentaire potentiel, Combs dit à son avocat de la défense criminelle Marc Agnifilo de ne pas se limiter à apparaître à CNN pour diffuser son récit, mais plutôt de trouver «quelqu’un qui a déjà travaillé dans la business médiatique et propagandiste la plus sale qui soit» afin de cibler de potentiels jurés sur Instagram et TikTok.
Il donne des indications au vidéaste remplaçant présumé, lui demandant d’obtenir des «plans de coupe» d’agents de police qui se trouvent sur un toit voisin. Combs serre des fans dans ses bras et leur sourit dans un bar local de Harlem, mais de retour dans son VUS, il rit en disant qu’il a besoin de désinfectant pour les mains et qu’il veut prendre un bain chaud parce qu’il «a été dans les rues, parmi le monde».
Combs a aussi été filmé en train d’exploser de colère lorsqu’il a appris la poursuite pour harcèlement sexuel déposée contre lui par Dawn Richard, ancienne membre de Danity Kane et de Diddy-Dirty Money, déclarant que «les gants sont enlevés». Il a demandé aux membres de son entourage, dont son fils adulte Justin, de faire circuler de vieux extraits montrant Richard en train de le complimenter en entrevue. Il a aussi sollicité un service de Kalenna Harper, autre membre de Diddy-Dirty Money, la suppliant de publier une déclaration contredisant les allégations de Richard. Lors des audiences préliminaires, les procureurs du Disctrict Sud de New York ont présenté les appels et messages répétés de Combs à Harper comme une forme de manipulation de témoin. (Harper a éventuellement publié une déclaration. Les avocats de Combs ont nié l’accusation.)
Oberlies travaille avec Combs depuis au moins 2019. Photographe personnel résident pour le magnat de la musique, cet homme de 36 ans a immortalisé son cinquantième anniversaire rempli de célébrités dans sa maison de Los Angeles; documenté l’enregistrement de The Love Album: Off the Grid en 2023; et même accompagné les fils adultes de Combs au tribunal en signe de soutien lorsque celui-ci a été inculpé pour trafic sexuel fédéral et complot de racket le 17 septembre 2024. (Rolling Stone a tenté de joindre le vidéaste pigiste pour obtenir des commentaires.)
Combs a semblé pris de court par le fait que Netflix avait obtenu les images, son équipe envoyant une mise en demeure à Netflix avant la diffusion du documentaire.
Qualifiant le projet de «campagne de salissage» et accusant la plateforme d’enfreindre les lois sur le droit d’auteur si elle diffusait les images, les avocats de Combs ont affirmé qu’il «n’a jamais hésité à entreprendre des démarches judiciaires contre des médias ou d’autres entités qui violent ses droits, et il n’hésitera pas à le faire contre Netflix», selon une copie de la lettre obtenue par Rolling Stone. (Plus tôt cette année, Combs a poursuivi NBCUniversal pour 100 millions de dollars concernant son documentaire Diddy: The Making of a Bad Boy. L’affaire est toujours en cours.)
Cependant, depuis la diffusion du documentaire, Combs n’a intenté aucune action judiciaire contre Netflix. Stapleton a déjà affirmé qu’elle avait obtenu les images «légalement» et qu’elle détenait «les droits nécessaires» pour les inclure. «Nous avons déplacé ciel et terre pour protéger la confidentialité de l’identité du réalisateur», a-t-elle déclaré dans un communiqué. «Une chose à propos de Sean Combs, c’est qu’il se filme constamment, et c’est une obsession depuis des décennies. Nous avons aussi contacté l’équipe juridique de Sean Combs à plusieurs reprises pour une entrevue et des commentaires, mais nous n’avons pas eu de réponse.»