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MikeZup signe un dernier tour de piste avec «Compte à rebours»

Après avoir laissé une empreinte durable dans le rap montréalais, l’artiste fait ses adieux au format album tout en continuant d’accompagner la relève.

MikeZup signe un dernier tour de piste avec «Compte à rebours»
JRDN Photography

Après avoir aidé à façonner le street rap montréalais des dernières années, MikeZup s’apprête à tourner une page importante de sa carrière avec Compte à rebours, son dernier album au format complet. L’annonce a surpris ses fans; «c’est sûr que les gens qui me suivent depuis longtemps sont déçus, mais toute bonne chose à une fin», explique-t-il, conscient que la décision peut sembler brutale et inattendue.

Pour MikeZup, la décision ne découle pas d’une lassitude de la musique, mais de réalités pratiques et personnelles. Père de famille et rappeur à temps plein, il décrit la difficulté de concilier passion et obligations : «Même le faire on the side, pour moi, c’est trop compliqué. J'ai un TDA, donc quand je suis fixé sur quelque chose, je suis fixé. Je ne peux pas être un rappeur et être autre chose en même temps.» L’artiste ajoute que le format traditionnel d’album au Québec est devenu difficile à professionnaliser et rentabiliser, malgré sa notoriété.


L’histoire de Compte à rebours commence en décembre 2024, lorsqu’un groupe d’artistes et de producteurs se réunit dans un chalet pour amorcer le projet. Parmi eux, Salimo Shreez, Loud et Tizzo. «On avait loué un chalet et on a invité les collaborateurs à venir travailler sur les chansons», raconte MikeZup. Ce qui devait être un premier jet d’une quinzaine de chansons s’est poursuivi pendant près d'une année jusqu’à aboutir à un choix final de treize titres sur la quarantaine de chansons enregistrées, sélectionnés selon un processus collaboratif rigoureux : «On voulait que tout le monde soit d’accord pour que la chanson aille sur le projet.» Pour la première fois, l’artiste a travaillé avec une diversité de beatmakers et producteurs, encadré par Rudy Pierre et Jeff Pelletier, co-réalisateurs et co-directeurs artistiques.

Si l’album marque la fin d’une étape pour MikeZup, il est également le reflet d’un équilibre retrouvé entre création et mentorat. Fondateur d’un label initialement destiné à sa propre musique et à celle de sa sœur, Mélodie-Jade, il accompagne désormais des artistes émergents comme Zach Scott. «Je suis plus content d’aller au studio pour Zach que d’aller enregistrer ma chanson», confie-t-il. La transmission et le soutien aux jeunes talents sont devenus sa priorité, et il insiste sur l’importance de préserver leur énergie et leur faim pour la musique : «Je veux ressentir cette faim qu’on avait quand on avait 20 ans. Avant le talent, il faut la faim.»

L’artiste revient également sur sa propre trajectoire. Depuis Mauvaise Humeur, sorti quand il avait 23 ans, il s’était promis que, passé 30 ans, il déciderait s’il continuerait ou non le rap. Aujourd’hui, à la trentaine, il a choisi de s’arrêter au format album pour partir par la tête haute: «Tant qu’à ça, arrête-toi pendant que tu es au tout début de ta trentaine. Pars avec la tête haute et fais quelque chose d’autre.» Loin d’annoncer une retraite totale, MikeZup continuera à produire des singles et des collaborations ponctuelles, tout en se consacrant à la relève. C'est, un peu comme me le confiait Damso il y a quelques mois, le modèle de l'album qu'il laisse derrière lui.

Compte à rebours est aussi un manifeste artistique. Fidèle à son style, MikeZup refuse les modes : «Tout le monde a un style auto-tune. Moi, ça ne m’a jamais intéressé. Je voulais rester dans le rough shit. Mon empreinte, ça va être ma DA, ma voix. Quand je rentre sur un beat, tu sais que c’est moi.» La cohérence sonore et l’authenticité étaient au cœur de chaque décision, y compris le choix des collaborateurs, triés sur le volet.

La sortie de l’album ne sera pas accompagnée de tournée massive. Le rap, et en particulier le gangster rap, reste un marché encore fragile au Québec. «La lumière au bout du tunnel pour le gangster rap au Québec, je ne le vois pas en ce moment. C'est vraiment un auditoire niche», souligne MikeZup. Cette réalité a renforcé son désir d’investir dans les jeunes, plutôt que dans la promotion traditionnelle de sa propre carrière.

Pour lui, l’héritage se mesure autant dans la musique que dans la transmission de son expérience : «Je dis souvent à Zach 'Concentre-toi sur être un artiste et enjoy chaque moment, essaie pas de porter tous les chapeaux.» Avec son label, il aide les jeunes à naviguer dans un milieu où les subventions, la distribution et le financement sont essentiels pour survivre et prospérer.

Idéal pour les ballades nocturnes en voiture autant que pour le gym, l’album se veut à la fois un adieu réfléchi et une célébration de sa carrière. Avec Compte à rebours, MikeZup met un point final au format album mais confirme que la musique demeure au cœur de son univers. Le rap québécois perd un acteur important de sa génération, mais gagne un mentor déterminé à prolonger sa passion à travers les artistes qu’il accompagne.

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